Certains métiers sont méconnus et son sujet à de nombreux fantasmes et renvoient de fausses images. C’est notamment le cas du métier d’escort girl. Nous nous devions faire un sondage, il y a fort à parier que de nombreuses personnes assimileraient l’escorting à de la prostitution, alors que la réalité est toute autre.
Afin de casser le mythe et tordre le coup aux fausses informations, le plus simple est de donner la parole à Charlotte qui a été escort girl pendant 3 ans sur Paris.
Bonjour Charlotte, peux-tu nous raconter comment tu es devenue escort girl ?
En 2014 j’ai presque 21 ans et après deux années d’études supérieures dans la région d’origine, je suis acceptée dans une école réputée sur Paris, à 500 kms de là. Tout se passe bien, je trouve un charmant studio, je m’intègre parfaitement dans mon école et j’adopte facilement la vie parisienne. Mais au bout de quelques mois je me rends compte que j’avais largement sous-estimé l’aspect financier. Entre l’école qui est privée, le prix de mon logement et mes dépenses quotidienne, mes parents aux revenus modestes m’aident comme ils peuvent mais je me rends compte que mes économies fondent très rapidement. Sans oublier le prêt étudiant auquel j’ai dû souscrire pour mon école.
Le point de départ semble donc être d’origine financière ?
Complètement, il fallait absolument que je trouve un travail d’appoint et pour être sincère j’avais déjà travaillé en restauration rapide 2 ans auparavant et je ne me voyais pas du tout refaire la même chose. Je cherchais donc un peu la perle rare, une activité me permettant de gagner suffisamment tout en ayant des horaires très flexibles. Et c’est une copine de promotion dans la même situation que moi qui m’a parlé de l’escorting pour la première fois.
Et donc suite à cette recommandation tu t’ai lancé ?
Oui, j’ai contacté l’agence conseillée par mon amie et j’ai rapidement échangée avec une femme qui a su me mettre en confiance et bien m’expliquer les contours du métier. Il faut dire que j’avais pas mal de préjugés et bien que je sois plutôt de nature fonceuse, j’avais vraiment des appréhensions.
Parle-nous de ton quotidien en tant qu’escort girl. Comment gères-tu tes études et ce travail ?
La flexibilité de mon emploi d’escort girl était essentielle pour moi. Je pouvais choisir mes heures de travail en fonction de mon emploi du temps. J’avais un agenda bien organisé où je pouvais bloquer des rencontres avec les clients. Durant ces 3 années, je voyais entre 3 et 8 clients par mois, c’était vraiment variable. Certains étaient réguliers, pour d’autres je n’ai passé que 2 heures avec.
Pour toi, quel sont les avantages de cette activité?
Le premier est clairement l’aspect financier. Personnellement, je gagnais 30 euros de l’heure et début et parfois 50 à la fin, sachant que chaque rendez-vous durait souvent 3 à 4 heures. Mais j’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des hommes intéressants avec lesquels j’ai pu avoir des échanges vraiment enrichissants.
Et les points noirs ?
Sachant que je passe pas une agence, il y a une sélection des clients qui est faite en amont afin de protéger les filles. En 3 ans, il n’y a eu qu’une seule fois où j’ai dû quitter le rendez-vous plus tôt que prévu car la personne en face commençait à se montrer irrespectueuse en me proposant de réaliser une prestation sexuelle. Le reste du temps c’est plutôt des sorties au restaurant, au théâtre, ou tout simplement se promener dans Paris et boire un verre en terrasse. Dans certains cas certains clients ont juste besoin de quelqu’un pour discuter presque comme si ils allaient chez le psychologue. Aussi, une fois j’avais été embauchée par un homme récemment divorcée qui voulait aller manger dans le restaurant où travaille sa femme juste pour la rendre jalouse. J’étais un peu mal à l’aise sur le coup mais en y repensant je le prends avec le sourrire.
Comment cela a-t-il affecté votre vie personnelle et vos relations sociales ?
Au début, j’ai choisi de garder ma vie d’escort girl complètement confidentielle. Puis je l’ai partagé avec quelques amis proches qui étaient compréhensifs et respectueux. Sachant aussi que j’étais une éternelle célibataire, cela n’a pas eu un impact majeur sur ma vie personnelle. En revanche je ne l’ai jamais dit à mes parents, je leur disait faire des extras dans des bars ou en discothèque de temps en temps.
Et maintenant que tu as terminé tes études, es-tu encore escort girl?
Après mes études j’ai trouvé rapidement du travail et ai donc arrêté l’ecorting. A vrai dire, la question s’est posée, car c’est vrai que j’aurais pu très bien gagner ma vie en augmentant le nombre de rendez-vous. Mais une certaine lassitude s’est installée et j’avais aussi peur de la pression sociale et que ma famille l’apprenne. Et puis je suis tombée amoureuses et j’avais peur que cette activité soit un frein pour développer cette relation.
As-tu des conseils pour d’autres jeunes femmes qui pourraient envisager de faire de l’escorting?
Je dirais d’abord que ce n’est pas fait pour tout le monde. Je pense être quelqu’un de très sociale, un peu « aventurière ». Quelqu’un de réservée et timide pourrait mal le vivre. Aussi, pour moi il est essentiel de travailler avec des agences professionnelles et de mettre la sécurité au premier plan. Chacun a ses propres limites et il est primordial de les faire connaître afin qu’elles soient respectées.